Non, je ne suis pas nĂ©e dans les annĂ©es 50. Mais ce soir-lĂ , je lâai incarnĂ©. A lâĂ©poque de la prohibition. Lâenvie dâalcool et de braver les interdits, ont dĂ©veloppĂ© des rĂ©seaux de com inattendus. Les gens networkaient en douce, dans des caves, avec du tam-tam si nĂ©cessaire, juste pour se retrouver, se dire des choses, ĂȘtre libres. Quand je regarde cette photo de 2010, prise lors dâune soirĂ©e sur le thĂšme des annĂ©es 50, je me souviens de cette Ă©poque oĂč je networkais en vrai. Pas derriĂšre un Ă©cran. Pas avec un algorithme. Avec des regards, des mots, des silences bien placĂ©s. Et surtout⊠Beaucoup de silence Ă cause de mon extrĂȘme timiditĂ©. Et surtout⊠avec cette envie de se dire les choses mĂȘme quand câest interdit, mĂȘme quand câest risquĂ©. Mes amis restaient, Les faux amis Ă©taient filtrĂ©s. Câest ça, pour moi, la vraie communication : pas seulement une stratĂ©gie. Une libĂ©ration. Moi, dans ma famille et mon milieu , tout Ă©tait codifiĂ©, pour sâexprimer, exister. Je me suis longtemps auto-prohibĂ©e. Je me suis tue pour ne pas dĂ©ranger. Je me suis rendue invisible pour ne pas ĂȘtre jugĂ©e. Je nâassumais pas ma qualitĂ© de MultiPoteâ qui semblait faire de moi un ĂȘtre morcelĂ©, extraterrestre, inadĂ©quat. Et puis un jour, jâai compris. â ïž Tant que je nâouvre pas la bouche, câest quelquâun dâautre qui raconte mon histoire Ă ma place. Alors jâai choisi de parler. Dâexister. De me dire. De le faire avec les bons mots pour attirer les bonnes personnes. Pas pour faire du bruit. Mais pour faire du vrai et du sens. Et aujourdâhui encore, je crois que la communication est le seul outil qui nous libĂšre autant quâil nous connecte. Alors je dis merci quand mĂȘme Ă Internet, Aux rĂ©seaux sociaux, Qui mâont permis de me libĂ©rer âïžâđ„ De faire entendre ma voix que je dĂ©couvrais en mĂȘme temps que ma communautĂ©. Dâexister pour moi, Et enfin, pour le monde, Celui qui me nourrit.